Le marché mauricien des véhicules neufs en manque de visibilité

La crise sanitaire et les taux de change freinent les ventes de véhicules neufs à Maurice. Mais une mesure budgétaire accordée par le gouvernement a permis d’écouler les stocks. Néanmoins l’inquiétude reste de mise chez les professionnels du secteur.
Les ventes de véhicules neufs à Maurice ont été impactées par la pandémie de Covid-19 et le confinement qui en a découlé. Mais selon Virginie Quevauvilliers, Chief Operating Officer (COO) du concessionnaire Leal & Co, depuis la levée du confinement en juin 2020, les ventes ont repris grâce notamment à une mesure budgétaire. Pour rappel, le gouvernement accorde une remise sur les droits d’accises afin de permettre aux concessionnaires d’écouler leurs stocks d’invendus. Cette mesure est valable du 5 juin 2020 au 30 juin 2021. Cependant l’optimisme n’est pas au rendez-vous. « Nous n’avons aucune visibilité sur les mois à venir. Le moral des consommateurs est en berne et l’achat d’une nouvelle automobile est un gros investissement, donc les gens hésitent davantage », commente Virginie Quevauvilliers dans une déclaration au Défi Moteurs.
Cette inquiétude quant à l’avenir du marché est notamment portée par les taux de change. Selon la Banque de Maurice (BoM), ce samedi 12 septembre 2020 le dollar était à Rs 39 et l’Euro à Rs 46. Les véhicules importés sont donc plus chers. « Avec les taux de change actuels, les prix ont grimpé de 20%. Ce ne sont pas les concessionnaires qui font plus de marge », précise la COO de Leal & Co.
Selon Virginie Quevauvilliers, les véhicules qui se vendent le mieux en cette période sont les petites voitures et les SUV (Sport Utility Vehicle). « Les petits véhicules que nous avions en stock se sont bien écoulés car leurs prix étaient basés sur les taux de change d’avant la crise et ils sont moins taxés. De plus, l’engouement sur les SUV est resté », précise-t-elle, ajoutant néanmoins qu’il y a un ralentissement des prises de commandes.
De son côté, Mrinal Teeluck, secrétaire général de la Motors Vehicle Dealers Association (MVDA), affirme que de janvier à juillet 2020, les ventes ont chuté de 23% par rapport à la période correspondante en 2019. Cela représente 1 575 ventes en moins. Il indique cependant que grâce à la mesure budgétaire, le mois de juillet 2020 a été meilleur que le mois de juillet 2019 avec 1 023 ventes contre 928 (hors deux-roues).
« Il n’y aura pas de réelle reprise du marché tant que l’économie ne retourne pas à la normale dans tous les secteurs. Je pense notamment au tourisme qui est à l’arrêt. Des hôtels sont fermés ainsi que tous les secteurs qui en découlent comme la location de voitures par exemple. On prenait les choses pour acquises, mais ce n’est pas le cas. De plus pas, il n’y a plus autant de projets immobiliers qu’avant. Tant qu’on ne sort pas de la crise de la Covid-19, nous n’aurons pas de visibilité. Il n’y a pas encore de perte d’emplois dans le secteur automobile, mais les taux de change et les deux mois sans revenus vont rendre la situation compliquée. Mais nous constatons qu’il y a tout de même des ventes hors taxe auprès des fonctionnaires », explique Mrinal Teeluck au Défi Moteurs.
En chiffres :
La National Land Transport Authority (NLTA) a publié ce vendredi 11 septembre 2020 les chiffres d’immatriculations de véhicules pour le mois de juillet 2020. Il y a eu en juillet 2020, 1 981 enregistrements de véhicules neufs toutes catégories confondues. On compte parmi ces véhicules neufs 886 voitures, 128 pickups et 806 motocyclettes. Toujours en juillet 2020 il y a eu 961 ventes de véhicules de seconde main importés dont 879 voitures, 1 pickup et une motocyclette.