Se frayer un chemin dans un monde dominé par la gent masculine a été un défi pour Diya Hurrynundon. Elle l’a relevé haut la main en pilotant avec succès son garage et magasin de tuning à Goodlands. L’idée de son entreprise S.S Tuning & Co Ltd découle de sa passion pour l’automobile.
S.S Tuning tourne à plein régime à 14 h 24 un samedi. Des cris stridents des cateaux verts résonnent dans le garage à Goodlands. Ils n’interrompent pas pour autant la concentration du personnel. Vêtue d’un t-shirt bleu « S.S Tuning », la directrice Diya Hurrynundon veille au bon déroulement des réparations sur trois voitures. Et elle n’hésite pas à mettre la main à la pâte. Sa voiture est aussi dans le garage. Immatriculée 777 ZY 11, la Honda Civic subit quelques modifications. La sportive grise est un coup de cœur de sa propriétaire.
Diya Hurrynundon l’a importée d’Angleterre en 2013. Mais la Honda Civic date de 2011. D’origine, le Hatchback dispose d’un moteur VTEC 1.4 litres. Il carbure à l’essence. Et il s’agit de la toute première voiture qu’elle s’est offerte. « Comme elle est une sportive, elle nécessite peu de modifications au niveau de sa performance. Toutefois, j’aime lui conférer un nouveau look de temps à autre comme le « wrapping », relooking de la carrosserie et le système audio », confie la directrice. En effet, sa voiture reflète sa personnalité et arbore souvent le logo de S.S Tuning. Une publicité mobile pour son garage ! « Au fil du temps, ma voiture est devenue mon identité et on me reconnaît grâce à elle », dit-elle.
Âgée de 46 ans, Diya Hurrynundon indique également qu’elle est membre de Mugen Car Club. Cette association réunit les passionnés et les propriétaires de véhicules de la marque Honda. Diya Hurrynundon participe régulièrement aux roadshows et tuning shows. Elle a même remporté le trophée de « Best Female Tuner » pendant quatre années consécutives et ce, avant la pandémie. Les trophées ornent d’ailleurs sa table de réception.
C’est par « lamour pou feray » que Diya Hurrynundon a lancé son magasin de tuning en 2015. « Après mûre réflexion, j’ai élaboré un « business plan ». J’ai analysé le marché et j’ai trouvé qu’un magasin de tuning serait rentable. J’ai étudié la tendance et les demandes en matière d’accessoires et de gadgets », se souvient-elle. Elle s’est ensuite arrêtée à l’appellation « S.S Tuning ». « S » comme Shama son deuxième prénom et l’autre comme Sharon, le prénom de sa fille.
Elle confirme que les débuts ont été difficiles. « Quand les hommes ont visité le magasin pour la première fois, ils ont demandé « Be pena oken misie isi ? ». Beaucoup croient que l’univers de l’automobile est uniquement réservé à la gent masculine. Au fil du temps, les clients ont accepté qu’une femme dirige le magasin de tuning et sont satisfaits de nos services. Nous avons fidélisé la clientèle. Zot konpran ki ban madam osi kapav fer sa travay-la », dit-elle. Elle doit ainsi le renom de S.S Tuning à la confiance de ses clients. Elle ajoute que la compétition est rude dans ce domaine et qu’il y a sans cesse des comparaisons. « Je ne fais rien au hasard. J’ai établi mes objectifs et je sais dans quelle direction aller pour les atteindre », dit l’intervenante.
Diversification
En 2018, le besoin de diversifier les activités de S.S Tuning se fait sentir. Diya Hurrynundon investit dans un nouveau bâtiment, toujours à Goodlands. Elle exploite l’espace autant que possible et ouvre un garage. « Je proposais déjà les services électriques, l’installation d’appareils, l’impression de plaques d’immatriculation et le « wrapping », entre autres. Grâce au garage, nous nous sommes spécialisés dans le montage de pneus, l’alignement ainsi que l’équilibrage des roues, des travaux sur les moteurs, les boîtes de vitesses ainsi que la suspension pour tous types de voitures », dit-elle. Elle ne cesse de se tenir au courant des dernières évolutions et accessoires dernier cri afin de les proposer à sa clientèle.
Aujourd’hui, elle travaille avec une équipe de cinq personnes. Trois autres sont à temps partiel. Après avoir jeté un coup d’œil à sa Honda Civic, elle confie avoir une voiture de rêve, mais préfère ne pas la partager. « Kan li vini, li vini. Je suis ambitieuse. Quand je veux quelque chose, je vais travailler d’arrache-pied pour l’avoir et ce, en empruntant le droit chemin. Grâce à Dieu, j’aurai ma voiture de rêve », conclut Diya Hurrynundon.
Parcours d’une passionnée de l’automobile
Diya Hurrynundon est née et a grandi à Goodlands. À l’âge de 8 ans, elle a appris à piloter une motocyclette, une Yamaha 50. Ensuite, elle s’est intéressée à la voiture de son frère aîné. « Il avait une Honda Civic. Je prenais plaisir à nettoyer sa voiture, à peindre les roues et faire le « detailing ». Chaque matin, je vérifiais les niveaux des liquides dans la voiture. Mon frère m’encourageait. À l’âge de 12 ans, j’ai appris à conduire en autodidacte. Mon père m’avait expliqué que la pédale d’embrayage d’une voiture se trouve sous le pied gauche alors que le levier d’embrayage d’une moto est au niveau du guidon. Cela a suffi pour que j’apprenne à conduire », se souvient-elle.
À 18 ans, elle n’a pas tardé à passer son permis de conduire. Après sa scolarité, elle a suivi des cours en informatique. « Mes parents ont évolué dans le monde des affaires et je voulais suivre leurs pas », dit-elle. Mais elle a d’abord travaillé comme Documentation Officer dans une compagnie pharmaceutique pendant huit ans. Ensuite, elle s’est mise à son compte en important des produits cosmétiques, des bijoux de luxe et des perruques. Après 10 ans, « lamour pou feray » s’est accentué.
Outre son entreprise, Diya Hurrynundon est mère d’une fille de 21 ans. Cette dernière lui emboîte les pas. La directrice aime aussi voyager, nager et s’occuper de ses animaux. Elle a des poissons, des tortues, des toutous, deux cateaux verts et un cateau bleu.
Message aux jeunes et aux femmes
Diya Hurrynundon encourage les femmes à se lancer dans le domaine si elles sont passionnées. « J’ai tout appris sur le tas. De nos jours, les formations en mécanique automobile sont plus accessibles et les contenus sont disponibles sur Internet et YouTube. L’automobile n’est pas un marché restreint. Touletan pou ena travay », dit-elle. Elle conseille également aux jeunes propriétaires de voiture de prendre le temps de connaître les techniques pour changer les roues et se débrouiller en cas de panne.
