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UK : L’automobile menacée par l’orage d’un Brexit brutal

L’industrie automobile britannique est en pleine tourmente avec une production en repli marqué et des départs d’activités sous d’autres cieux, le tout sous la menace constante d’un Brexit brutal.

Mardi, deux annonces sont venues rappeler que ce secteur en pleine forme il y a deux ans emprunte désormais des chemins bien cahoteux.

Les professionnels de l’automobile au Royaume-Uni ont d’abord fait état d’une chute de 14% de la production de voitures au mois de mars sur un an, avec quelque 126.000 véhicules sortis des chaînes d’assemblage. Il s’agit de la dixième baisse consécutive, provoquée par un ralentissement de la demande tant en Asie qu’en Europe – alors que près de 8 voitures sur 10 produites sur place sont destinées à l’exportation, dont la moitié pour l’UE.

Se tournant vers l’avenir, l’Association des constructeurs et des vendeurs automobiles (SMMT), qui a diffusé ces données, a aussi prévenu que la production de voitures allait s’écrouler en cas de Brexit sans accord avec l’UE.

Elle a publié une étude sur les conséquences attendues des divers résultats possibles des négociations autour du Brexit – initialement prévu le 31 mars mais repoussé au 31 octobre sur fond de blocage politique au Royaume-Uni.

Si les négociations sur le Brexit aboutissaient à “un accord favorable et une période de transition maintenant le statu quo”, la production de voitures au Royaume-Uni pourrait s’établir à 1,36 million cette année, certes moins qu’en 2018 (1,52 million), mais elle remonterait ensuite pour atteindre 1,42 million en 2021, d’après la SMMT.

A l’inverse, si le pays quitte l’UE sans accord avec Bruxelles – ce qui introduirait des droits de douane importants -, la production dégringolerait de 30% par rapport à ses niveaux récents, prévoient les professionnels. Elle tomberait à 1,07 million de voitures en 2021, revenant à ses niveaux déprimés du milieu des années 1980.

“Malgré la prolongation des négociations, le compte à rebours du Brexit tourne toujours et le spectre d’une sortie sans accord demeure”, a prévenu le directeur général de la SMMT, Mike Hawes.

“Il y a quelques années, notre industrie automobile était bien partie pour produire deux millions de voitures par an à l’horizon 2020 – un objectif désormais impossible à atteindre au moment où se brouille l’image du Royaume-Uni comme pays stable et attractif pour investir”, a déploré M. Hawes.

En écho à ce sombre constat, Jaguar Land Rover (JLR) a annoncé quelques heures plus tard que son nouveau 4×4 Defender serait produit en Slovaquie, et donc pas au Royaume-Uni où ce véhicule tout terrain massif était assemblé jusqu’en 2016 – année où sa production a été arrêtée.

Le constructeur britannique a indiqué dans une déclaration transmise à l’AFP que ce nouveau Land Rover Defender serait assemblé dans son usine de Nitra inaugurée en octobre dans l’ouest slovaque.

Certes, JLR n’avait pas caché précédemment ses ambitions pour ce site slovaque, où il a investi un milliard de livres et sa capacité de production de 150.000 véhicules par an pourrait à terme doubler. Le groupe, qui n’a pas lié cette décision au Brexit, va en outre équiper ce véhicule d’un moteur fabriqué à Wolverhampton (centre de l’Angleterre) et a assuré investir encore sur son site anglais voisin de Solihull, où il va produire notamment la prochaine génération de Range Rover.

Reste qu’il s’agit d’une mauvaise nouvelle supplémentaire pour cette industrie au Royaume-Uni dont l’actualité est rythmée dernièrement par des annonces souvent déprimantes, notamment de la part des constructeurs japonais très implantés.

Nissan a renoncé à produire un crossover dans son usine géante de Sunderland (nord-est de l’Angleterre) et Honda a annoncé la fermeture en 2021 de son usine de Swindon (sud-ouest de l’Angleterre), même s’il n’a pas évoqué le Brexit.

Réjouissance rare dans cette série noire, Toyota a annoncé fin mars qu’il allait fabriquer une nouvelle voiture hybride pour son partenaire Suzuki au Royaume-Uni.

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